Peut être dans certains domaines, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas le cas en ce qui concerne les formules de calcul de la Réglementation Thermique 2012 (RT 2012). En parcourant le Web, j’ai trouvé peu de critiques acerbes concernant cette mascarade technocratique qu’est la RT2012. Alors je m’y colle. 🙂
Depuis le 1er janvier 2013, toute nouvelle construction doit être conforme à la RT 2012 pour avoir le droit de sortir de terre. Pourtant, l’intention de construire des maisons moins énergivores est louable mais pourquoi mettre en place de telles usines à gaz alors qu’un peu de bon sens aurait suffi à construire mieux ? Isoler davantage les murs, les toitures et les vitrages en imposant un certain niveau de résistance thermique, mettre en place des systèmes de chauffage performants, orienter son habitation de manière à profiter de la chaleur solaire, faire la chasse aux ponts thermiques auraient pu suffire à améliorer considérablement l’existant…
Au lieu de cela, le ministère du logement nous a pondu dans les cris et la douleur une performance mathématique qui, même si elle aboutit à des résultats sensés, est une interminable démonstration théorique incompréhensible et indigeste pour le commun des mortels.
Si je faisais une analogie littéraire, je dirais que la RT 2012 est à la construction ce que les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand sont à la littérature.
Sommaire
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Le texte de loi de la Réglementation Thermique 2012 est accompagné d’une méthode de calcul développée par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) : la méthode de calcul Th-BCE 2012.
Cette dernière est détaillée en 1377 pages de 17 chapitres assommant les malheureux qui se risqueraient à la lire de pas moins de 1772 formules complexes et 249 tableaux de variables… chaque cm² de la future construction est passé au crible… ce document est aussi volumineux que le petit ROBERT… on marche sur la tête…
Si vous voulez avoir le vertige (ou simplement rire un bon coup), j’ai compilé sur l’image suivante une infime partie du genre de formules que l’on peut retrouver dans ce document officiel de référence :
Tout ça pour quoi ? pour nous rappeler que la chaleur d’une habitation s’évade par des murs et des fenêtres mal isolés mais surtout par le toit, que le soleil ça chauffe, que l’hiver, le fond de l’air et frais (surtout en montagne), qu’une chaudière récente est plus écologique et possède un meilleur rendement qu’une ancienne et que ça ne sert à rien de mettre des panneaux solaires sur son toit si c’est pour utiliser de l’électroménager énergivore et avoir orienté ses baies vitrées plein nord.
La RT 2012 à la louche
Pour faire simple et résumer la RT2012 avant le moment où tout se complique, on peut dire qu’elle impose 3 exigences de résultats :
- La nécessité d’une excellente isolation et d’un bâti bien conçu (le Bbio)
- La nécessité de consommer peu d’énergie primaire globale (le Cep)
- La nécessité d’une température intérieure correcte en cas de canicule estivale (le Tic)
Et quelques exigences de moyens comme la chasse aux ponts thermiques et la recherche d’une bonne étanchéité à l’air.
Nous étions pourtant sur la bonne voie mais la méthode TH-BCE 2012 qui calcule tout cela en vue de l’obtention du permis de construire est d’une complexité sans bornes… dimensions, surfaces, orientation, environnement proche, surfaces vitrées, matériaux, type de chauffage, d’éclairage, d’électroménager, ventilation, données météorologiques, altitude, taille du string de ma cousine (non, là, je plaisante), etc.
Bref… Quand je pense au temps qu’il a du falloir pour concevoir un tel document et au temps qu’il faut pour le déchiffrer… alors même que l’adage nous rappelle que le temps c’est de l’argent et que de l’argent, la France n’en a plus trop me semble-t-il si j’en crois la dette publique qui s’alourdit chaque jour davantage… Un peu de bon sens populaire ne ferait pas de mal à ces grands hommes qui nous gouvernent…
Les grands gagnants dans cette affaire, ce sont sans doute les sociétés éditrices de logiciels qui ont laborieusement réussi à commercialiser des outils qui passent à la moulinette toutes ces formules et fournissent aux professionnels du bâtiment des interfaces simplifiées pour dire si oui ou non il faut mettre de la laine de verre derrière ses murs. Notez bien que tout le monde leur fait confiance puisque rare son ceux qui pourraient déceler une erreur si elle existait… et notez bien aussi que de toutes façons, tout le monde s’en fou 🙂
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