La construction BBC est aujourd’hui en plein essor.
Au coeur des objectifs environnementaux du gouvernement, au centre des aides financières accordées au futurs propriétaires (PTZ+ par exemple), construire BBC en 2011 est à la mode.
Le label BBC permet de se prévaloir d’un gage de qualité pour son bien immobilier, propice à la revente et aux économies sur sa facture énergétique.
Pourtant, une réglementation thermique en chassant une autre, les Bâtiments Basse Consommation (BBC) seront peut être bientôt remplacés par les Bâtiments à Energie POSitive (BEPOS)…
Sommaire
Pourquoi des labels énergétiques pour la construction ?
La consommation énergétique moyenne actuelle du parc de logements français représente 240 KWh/m2/an et se situe au niveau E du Diagnostic de Performance Energétique (DPE) qui, avec les catégories F et G constituent les logements énergivores.
Le secteur du bâtiment représente 46% de la consommation d’énergie en France ! 26 millions de résidences principales (13 millions sont des maisons individuelles, 6 millions sont des copropriétés et 4 millions sont des immeubles collectifs d’habitation et de maisons individuelles groupées) logent 65 millions de Français et représentent environ 2,6 milliards de m² bâtis et près de 30% de la consommation énergétique totale nationale !
Le logement demeure aujourd’hui en France le secteur le plus accessible aux économies massives d’énergie. Pour cette raison, diminuer cette imposante consommation énergétique dans le secteur du bâtiment demeure un axe principal des actions gouvernementales en faveur du développement durable.
Ainsi, la raréfaction des énergies fossiles, l’augmentation des prix de l’énergie et la volonté publique de minimiser la pollution entraîne depuis quelques années un bouleversement dans la construction de nos logements. La finalité est de parvenir à diviser par quatre les dégagements de CO2 à l’horizon 2050.
Cette construction de plus en plus écologique cherche donc par des moyens techniques innovants et du bon sens à limiter au maximum le gaspillage énergétique. Car pour faire baisser la facture énergétique et les rejets de gaz à effet de serre, la solution la plus efficace est encore de consommer moins.
Même s’il existe de nombreux labels énergétiques régis par des exigences propres, le plus répandu et reconnu est certainement le label BBC. Les exigences réglementaires du label BBC, définies dans l’arrêté ministériel du 3 mai 2007, sont reprises par le Grenelle de l’environnement comme étant l’objectif à atteindre pour 2012 pour les bâtiments neufs et les parties nouvelles de bâtiments existants.
Le Label BBC fixe la consommation énergétique à 50 kWhep/m²/an maximum pour les constructions résidentielles neuves et 80 kWhep/m²/an maximum pour les rénovations de logements existants. Mais il faudra bientôt faire mieux…
La construction BBC sera t elle bientôt dépassée ?
Depuis quelques temps le Bâtiment Basse Consommation se démocratise dans la construction neuve et sera bientôt obsolète au profit du Bâtiment à Energie POSitive (BEPOS). Le passage imminent à la Réglementation Thermique 2012 devrait encore amplifier ce constat puisque la RT 2012 généralisera le niveau de performance BBC.
Pourtant, aucune définition claire et précise du BEPOS n’est encore officielle. Malgré tout, la nouvelle directive européenne de performance énergétique des bâtiments (EPD2), adoptée le 6 mai dernier, prévoit la généralisation des bâtiments « Nearly zero energy » à l’horizon 2020, avec une obligation anticipée pour les bâtiments publics dès 2018.
Pour fixer un tel objectif, la directive offre une première définition de la notion de bâtiment à énergie positive, d’un point de vue purement énergétique: « la quantité quasi nulle ou très basse d’énergie requise devrait être couverte dans une très large mesure par de l’énergie produite à partir de sources renouvelables, notamment l’énergie produite à partir de sources renouvelables sur place ou à proximité », elle n’offre pas encore une définition complète de cette notion.
Cette définition rejoint celle de l’article 4 de la loi Grenelle 1, votée en août 2009, qui fixe pour objectif que « toutes les constructions neuves faisant l’objet d’une demande de permis de construire déposée à compter de la fin 2020 présentent, sauf exception, une consommation d’énergie primaire inférieure à la quantité d’énergie renouvelable produite dans ces constructions, et notamment le bois énergie ».
Si une ébauche de définition semble donc se profiler, de nombreuses zones d’ombre restent à êtres précisées comme le type d’énergie qui doit être pris en compte dans le calcul de la consommation d’un BEPOS.
En effet, en plus des consommations conventionnelles (chauffage, production ECS, éclairage, climatisation, auxiliaires), d’autres types de consommations pourraient être pris en compte: les consommations non-conventionnelles liés aux équipements blancs (électroménager), bruns (équipements audiovisuels) et aux équipements gris (informatique), les consommations liées à l’énergie grise des matériaux, les consommations liées aux déplacements des utilisateurs.
La première véritable définition suisse du BEPOS
Afin de répondre à ces interrogations, la Suisse vient de se doter d’un nouveau label, Minergie-A, qui devient ainsi la seule définition officielle du bâtiment à énergie positive disponible à ce jour.
L’association Minergie n’emploie pas le terme de « bâtiment à énergie positive » ou « énergie zero », et préfère employer le concept « Nearly zero energy ».
Le label Minergie-A comptabilise la somme des énergies nécessaires au fonctionnement du bâtiment (production de chaleur, ventilation, éclairage, appareils électrodomestiques) et y ajoute les consommations liées à l’énergie grise des matériaux, c’est à dire l’énergie nécessaire à la production, la fabrication, l’utilisation et le recyclage des matériaux utilisés.
L’ensemble est pondéré pour passer d’énergie finale à énergie primaire et le niveau de consommation est diminué de la production locale d’énergie (photovoltaïque mais aussi bois). Ce niveau de consommation doit être inférieur à 45 kWhEP/m²/an.
Des exigences complémentaires sont également définies:
– une exigence portant sur les besoins de chaleur en énergie utile – Qh ≤ 30 kWh/m²/an (besoins couverts par le chauffage et la ventilation)
– une exigence portant sur les consommations de chauffage et d’ECS qui doivent être inférieurs à 0 kWhEP/m2, autrement dit qui doivent obligatoirement faire appel à des systèmes de production d’énergie renouvelable
– une obligation de recours à des appareils électroménagers bénéficiant d’une classe énergétique A, A+ ou A++ etc.
Si l’exigence de consommation inférieure à 45 kWhEP/m²/an semble au premier abord à peine plus performante que le label BBC, la prise en compte des consommations non-conventionnelles ainsi que celles liées à l’énergie grise des matériaux employés, font du label Minergie-A une référence qui ne dispose pas d’équivalent européen à l’heure actuelle.
Vers un nouveau Label énergétique plus performant que le label BBC en France ?
Il ne reste plus désormais qu’à attendre la sortie de l’équivalent Minergie-A français. Les labels énergétiques liés à la future Réglementation Thermique 2012 devraient être mis en place en fin d’année 2011.
Il est donc probable qu’un nouveau label énergétique plus ou moins équivalent à son homologue helvétique puisse voir le jour à cette occasion et supplanter le label BBC.
Néanmoins il n’existe à ce jour aucune base de données matériaux en France permettant de calculer l’énergie grise d’un bâtiment, ce qui constituera un frein majeur à la prise en compte de l’énergie grise dans ce futur label énergétique français.
Je continue à penser pour ma part que cette course au label énergétique, dont les définitions sont trop complexes, techniques et théoriques, engendre un flou général dans le domaine de la construction moderne au détriment du bon sens pratique élémentaire.
En outre, il est absurde de se focaliser sur les émissions et consommations de la phase exploitation d’un logement s’en se soucier de la phase construction (énergie grise). Il n’est pas rare qu’une opération de construction BBC représente l’équivalent de quelques dizaines d’années de consommation de l’exploitation du bâtiment.
Imaginez le cas d’une île privée accessible uniquement en hélicoptère. La pertinence d’y construire un bâtiment très performant sur les consommations et émissions de GES serait aberrante.
C’est pour cette raison que la construction doit être réfléchie dans son ensemble, en y intégrant l’environnement et le mode de vie des futurs occupants. Le label suisse MINERGIE-A semble pour une fois prendre en compte cette réflexion pour définir la notion de bâtiment à énergie positive, attendons de voir ce que nous proposera la France…
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A bon depuis quand le label BBC n’existe plus ?